Le secteur de la coiffure publie un livre blanc

Le livre bmanc a été remis au chef d'état...

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Le secteur de la coiffure est à la peine depuis 3 ans. Pour faire entendre la voix de ses adhérents, la Fédération nationale de la coiffure a lancé une vaste consultation. Le livre blanc remis au début du mois de juillet au Président de la République fait la synthèse des contributions recueillies sur le terrain.

Un rythme de croissance en berne, des pertes d'emploi par milliers, des charges en augmentation, la concurrence des auto-entrepreneurs... la profession de coiffeur est malmenée depuis 3 ans. Si les professionnels veulent à l'évidence que les choses bougent, avant de poser des revendications dans le cadre d'un livre blanc, il était indispensable d'identifier les points faibles de l'existant.
C'est dans cette optique que la Fédération nationale de la coiffure (FNC) a décidé de lancer en début d'année une vaste opération de consultation nationale auprès de ses adhérents. Cette consultation qui a été menée auprès de 10 000 professionnels (chefs d'entreprise, salariés, élèves, enseignants, fournisseurs, formateurs...) a suscité plus de 2 000 contributions individuelles. Elle s'est articulée autour de 4 grandes thématiques de réflexions : - revendications professionnelles (34 % de participation), - formation (30 % de participation), - promotion du métier (20 % de participation), - eco-responsabilité (16 % de participation). L'ensemble de ces contributions a formé le socle du livre blanc intitulé « En 2012, faîtes vos vœux » remis début juillet à François Hollande.

Un état des lieux préoccupant

Avec un chiffre d’affaires estimé à près de 6 milliards d'euros pour 70 472 entreprises (soit 74 536 activités fin 2010), la coiffure constitue l’une des activités commerciales les plus denses de France (1,17 établissement pour 1 000 habitants, soit 1 salon pour 854 habitants). Depuis 3 ans cependant, « le marché de la coiffure a du mal à maintenir un rythme de croissance correct » selon la Fédération nationale de la coiffure. Et de fait, selon les données INSEE, le secteur enregistre à nouveau pour 2011 une chute de 1,8 % du chiffre d’affaires en volume, pour un niveau étale en valeur (+ 0,1 %).
Dans le même temps, en matière d'emploi, le secteur a perdu près de 1 800 postes dont environ 700 apprentis en 2009 et à nouveau 1 800 en 2010 pour comptabiliser 110 151 salariés. Ce constat est préoccupant pour l'avenir de la profession, car en effet, comme le souligne la FNC si « la coiffure reste très investie dans la formation des jeunes avec 23 245 apprentis (2009/2010), 10 097 élèves sous statut scolaire (2010/2011) et 3 900 contrats de professionnalisation en cours en 2010. Pourtant, le nombre de jeunes en formation poursuit sa baisse amorcée depuis 3 ans avec - 2,8 % d'apprentis et – 3,3 % de jeunes formés par voie scolaire par rapport à l'année précédente ». L'autre sujet de préoccupation de la profession tient à la concurrence de l'autoentreprenariat. Et en effet, depuis trois ans, selon les chiffres de la FNC, le « développement du secteur est imputable (en nombre d’activités) pour 89 % aux auto-entrepreneurs, ces derniers étant comptabilisés à près de 9 800 fin 2011. » Or, ces entrepreneurs bénéficient de charges allégées et n'emploient le plus souvent pas de salariés

Des propositions multiples pour l'avenir de la coiffure

La consultation a interrogé les professionnels autour de 4 grandes thématiques : L'accès à La profession et formation - La promotion du métier et renouvellement du secteur – La défense du secteur et revendications professionnelles - La coiffure, une profession éco-responsable. Pour chacune de ses thématiques, la FNC tirent les conclusions suivantes :

Accès à la profession et formation : Afin de répondre au mieux aux évolutions du métier et aux besoins des entreprises, le BP a été rénové en 2011. Ce nouveau BP unique a supprimé les deux options styliste-visagiste et coloriste permanentiste pour mieux revenir à des compétences polyvalentes et communes à tous. Cette refonte de l'enseignement satisfait la profession, par contre, la FNC déplore que le niveau de qualification BP ne soit pas la règle pour tous.

Et la FNC de rappeler : « Tout salon doit être placé sous le contrôle effectif et permanent d’un coiffeur titulaire du BP, du BM ou d’un titre équivalent. Le chef d’entreprise ou le salarié concerné doit être présent en permanence dans le salon. » Ceci est la règle pour tous, sauf pour la coiffure à domicile qui « requiert a minima d’être titulaire du CAP ou d’un titre équivalent. » Dans ce contexte, la FNC souhaite « que le niveau de qualification BP soit étendu à l’ensemble des modes d’exercice de la profession. La signature récente d’une charte entre l’APCMA et la FNC sur le contrôle préalable à l’installation procède d’une volonté commune de rappeler la réglementation. » Concernant le nouveau Brevet de maîtrise coiffeur de niveau III (premier BM à avoir été reconnu de niveau bac + 2 par l'Etat), le BM III est « un titre d'excellence » qui va dans le sens de la réussite managériale et la pérennité des entreprises. « Compte tenu de l’enjeu majeur du renouvellement des entreprises du secteur, le BM III représente un outil indispensable au développement de la profession. Ces deux années de formation post-BP ont pour vocation d’apporter une réponse appropriée aux besoins des professionnels en leur donnant les clés de la réussite de leur carrière. »
Concernant les mentions complémentaires, la FNC souhaite qu'une réflexion s'engage sur ces outils de perfectionnement. « Face aux limites du CAP Coiffure, elles sont un niveau nécessaire pour le renforcement des compétences des sortants du CAP. » La FNC propose ainsi la rénovation des mentions complémentaires et la création d’une mention complémentaire unique, ainsi qu’une reconnaissance dans la convention collective nationale de la coiffure. Enfin, la FNC souhaite qu'il soit créé un service d’information et d’orientation apportant une réponse optimale et individualisée aux attentes et aux besoins spécifiques des jeunes et des professionnels. Ce service pourrait permettre une meilleure connaissance des voies d'accès multiples à la coiffure (apprentissage, voie scolaire, formation continue et VAE – Validation des acquis de l'expérience).

Promotion du métier et renouvellement du secteur : La FNC déplore que depuis la création du régime de l'auto-entrepreneur début 2009 « les nombreuses exonérations d’impôts (TVA, participation à la formation, CFE) et les faibles charges sociales des auto-entrepreneurs, qui les avantagent de manière disproportionnée par rapport aux autres entreprises, créent des distorsions de concurrence. »
La FNC souhaite que ce régime soit mieux encadré et « devienne dérogatoire et soit limité à une durée maximale permettant de tester la viabilité du projet avant de rejoindre un régime fiscal classique ».

D'autre part, la modification des structures des entreprises de coiffure (et notamment la montée en charge des formules développées en réseau de franchise), l’évolution des profils des dirigeants, le nombre toujours plus important de départs en retraite des chefs d’entreprise et « les records d’immatriculations atteints depuis 8 ans dans le secteur, ont accentué l’indispensable besoin d’accompagnement des professionnels de la coiffure, notamment en matière de développement de projet ».
Face à ce constat, la FNC a créé un portail internet d’information gratuite, entièrement dédié aux porteurs de projets dans la coiffure: www.mon-projet-coiffure.com. Ce site apporte des informations utiles dans les domaines dans lesquels les créateurs/repreneurs ont le plus besoin d’accompagnement qui sont notamment selon l'avis des personnes interrogées via la consultation nationale l'évaluation financière du projet et estimation des charges (12 %), le choix du statut juridique (4 %), le montage financier et recherche de prêts bancaires (7 %), l'étude de marché, la démarche commerciale et emplacement (29 %), la gestion administrative et gestion du personnel (46 %). Pour les chefs d'entreprise déjà installés, les domaines qui ont le plus besoin d’accompagnement, notamment en temps de crise sont pour 47 % des personnes interrogées via la consultation nationale l'accès favorisé au financement et réduction du coût du crédits (10 %), la formation en management et outils d'aide à la gestion (11 %), la gestion administrative et gestion du personnel (11 %), l'information adaptée aux nouvelles règlementations (19 %), les conseils en marketing et communication (47 %).

Défense du secteur et revendications professionnelles : La FNC milite pour que la coiffure bénéficie comme la restauration, d'un taux intermédiaire de TVA. « Rappelons que l’annexe à la directive européenne TVA, qui mentionne explicitement la coiffure comme profession éligible, dispense le gouvernement français de toute consultation des autres états membres pour prendre sa décision » précise la FNC. L'impact d'une TVA à taux réduit sur le secteur serait positif. « Elle doperait l’activité et l’emploi qualifié des entreprises de coiffure. Une telle baisse, confortée par le principe d’une concertation affichée au sein de la filière, permettrait en effet de partager intelligemment les bénéfices attendus entre les consommateurs, les collaborateurs et les entreprises.
La profession a pleinement conscience qu’elle devrait dans ce cas afficher des objectifs clairs, notamment en matière d’emplois et de formation des jeunes. » La FNC se dit également opposée la TVA sociale et estime que d'autres leviers pourraient être actionnés pour une baisse du coût du travail parmi lesquels, le retour au dispositif zéro charge qui était appliqué en cas d’embauche dans les TPE du 4 décembre 2008 au 30 juin 2010. La FNC estime en outre que le maintien des allègements de charges patronales « est essentiel pour la survie des entreprises de coiffure, et demande leur intégration au barème des cotisations sociales. Cela donnerait aux entreprises une sécurité durable sur le niveau de leurs charges, sans que celui-ci soit régulièrement remis en cause ». Concernant les exonérations de charges sur les heures supplémentaires la FNC pense que « la remise en cause de ce dispositif, sous couvert de rentrées fiscales, peut entraîner de nombreuses entreprises à renoncer à la mise en œuvre de la plupart des heures supplémentaires. Par ailleurs, les petites entreprises ne prendront pas le risque, dans une conjoncture aussi incertaine, d’embaucher des salariés supplémentaires sans ce dispositif.

Au final, cela limitera paradoxalement la perspective de perception de cotisations supplémentaires. » Aussi, la FNC demande que les exonérations de charges sur les heures supplémentaires et complémentaires soient instaurées à nouveau. Concernant l'ouverture dominicale et jours fériés, la consultation nationale démontre clairement que les professionnels sont contre (88 %).

La coiffure, une profession éco-responsable : Aujourd’hui, selon la FNC, les établissements de coiffure sont confrontés à l’ensemble des contraintes liées à l’environnement. Toutefois, cette lutte ne doit pas se réduire à appréhender des contraintes réglementaires. Dans bien des cas, en effet, protéger l’environnement et adopter une attitude écocitoyenne c’est aussi changer ses habitudes et mettre en oeuvre des pratiques individuelles et professionnelles valorisantes pour l’entreprise, les consommateurs et les salariés de l’entreprise.
A la question de savoir quelles actions pourraient aujourd’hui contribuer à accélérer la prise en compte de ces problématiques dans les entreprises de coiffure et les établissements d’enseignement, les professionnels répondent à 43 % le développement d’une offre plus étendue et complète de produits et de matériels plus écologiques et ergonomiques, à 29 % la valorisation des établissements s’engageant dans de telles démarches (exemple: le label "Développement Durable, mon coiffeur s’engage "), à 13 % la mise en place d’une fiscalité avantageuse et de prêts professionnels bonifiés dans le cadre de l’acquisition d’équipements plus écologiques et ergonomiques et à 6 % l’accès à l’information et à la formation sur ces thèmes.

Une Conférence Permanente de la Coiffure Française en projet

« Nous devons être les promoteurs d’une « action professionnelle » moderne et les initiateurs d’une communication à l’intérieur et sur la profession, adaptée aux réalités d’aujourd’hui, mais, aussi et surtout de demain » conclut la FNC. Et même si la FNC est représentative de la « coiffure française et à ce titre de l’ensemble des modalités d’exercice de la profession : indépendants, multi-salons, franchiseurs, franchisés, coiffeurs à domicile… sur les bases de la consultation dont il est question ici, il est indispensable d’organiser l’échange et la concertation avec les patrons d’enseignes qui ont su garder le métier et sa promotion au coeur de leurs préoccupations. »
Pour ce faire, la FNC sera à l’initiative de l’organisation de la discussion et de la communication entre tous ceux qui « comptent » dans la coiffure et la composent… L'idée est clairement fédératrice avec l'ambition d'actions de lobbying d'envergure. « Afin de peser au mieux sur le devenir de notre métier quel qu’en soit le mode d’exercice », la FNC souhaite mettre en place une « plate-forme » d’échanges, de concertation et de communication. Cette « Conférence Permanente de la Coiffure Française », aurait vocation à s’intéresser selon la FNC aux sujets suivants :

• Démographie, conjoncture et évolution socio-économique de la profession,

• Renouvellement de la profession : entreprenariat, formation,

• Promotion de la profession,

• Problématiques spécifiques conduisant à l’expression des attentes des professionnels dans un but prospectif et revendicatif.


Dominique André-Chaigneau, Toute la Franchise©
 

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